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DANS QUEL ETAT J' ERRE ?
12 janvier 2011

DES RESISTANTS!!!!

Le livre que vous tenez entre les mains est une ode au plus beau métier du monde.
Une reconnaissance de dette, également, signée, en bonne et due forme, par des écrivains conscients que les artisans de leur réussite sont aussi ceux qui permettent à une oeuvre de papier de survivre au sein de cette jungle moderne qu'est devenue la vie. Car il ne suffit pas d'être publié pour être lu. Soyons honnêtes : il n'y a pas de livre sans librairie, pas d'écrivain sans libraire.
La lecture est la moins évidente des nécessités et la littérature la plus inutile des activités. C'est ce que l'on entend tous les jours, et ce discours gagne du terrain. Eh bien, prenons-la au sérieux, cette sérénade que nous servent les déclinologues et autres Pythies de l'ère numérique. La littérature (et, donc, la lecture) ne sert à rien ? Tant mieux ! Il est heureux qu'en ce siècle débordé, qui a fait de la vitesse sa valeur suprême et de la superficialité son ange tutélaire, qui a érigé en interrogation métaphysique la question «à quoi ça sert ?» et imposé la rentabilité comme réponse à tout, il est heureux, disais-je, que quelque chose résiste à la terrible tentation de se déclarer «utile». Le beau est inutile, soutiennent en choeur poètes et philosophes. Oui, on peut vivre sans lecture. Oui, on peut vivre sans littérature... mais moins bien, beaucoup moins bien !
Ajoutons que lire permet de faire naître en nous des sentiments qui n'ont rien d'inné. S'affranchir du carcan dont tous les autres s'accommodent, par exemple. Se dérober au sort commun. Ne pas céder à la morale ambiante et au conformisme contemporain. S'évader de la routine. C'est notre armée d'occupation, la routine. La lecture nous apprend à devenir des résistants. Résister, donc, prendre le maquis, entrer dans une clandestinité, prendre des risques. Il y a des gens qui n'ont jamais résisté de leur vie, sinon à la nouveauté, à la fantaisie, au farfelu. Ne jamais être raisonnable («Il n'arrive rien aux gens raisonnables», écrivait Julien Gracq) mais gourmand de tout. Voilà ce que nous apprend la lecture.



Le plus dur, aujourd'hui, est de pousser la porte d'une librairie. Parce que ce lieu impressionne encore. C'est normal, puisque c'est un endroit magique. Les textes qui suivent sont là pour vous aider à accomplir cet acte, d'une liberté et d'une audace folles.
Quel est votre usage de la librairie ?
J'affirme qu'il faut s'y promener comme on déambule dans un jardin public: faussement désinvolte, prêt à se laisser chambouler par une rencontre. Elle advient presque toujours, la rencontre. Là, une couverture, un titre, un bandeau vous semble irrésistible, vous fait de l'oeil, appelle votre regard... Ah ça, mais il vous aguiche, vous surprend, vous interpelle... Bref, il vous drague... Eh bien, laissez-vous draguer ! C'est précisément cela, la littérature : une arme de séduction massive. Oh, bien sûr, les livres sont comme tous les dragueurs : il y a ceux qui ne sont que des beaux parleurs et ceux que l'on aura oubliés au matin, ceux qui ne parlent que d'eux-mêmes et ceux qui théorisent à l'envi, ceux qui exhibent une plastique avantageuse parce qu'ils n'ont rien à dire et ceux qui baratinent dès la quatrième de couverture. Et puis il y a, quelque part au beau milieu des rayonnages, ceux qui vous accompagneront toute votre vie. L'avantage, avec le livre, c'est qu'il autorise la polygamie : il n'y a pas un livre culte, un livre de chevet, un livre ami, mais des dizaines. On passe de l'un à l'autre avec la volupté des amants gâtés, selon l'humeur. Comment choisir ?, demanderez-vous. Laissez parler vos envies. Et si rien ne vient, demandez conseil au libraire. Le libraire est celui (ou celle) qui, pour se faire une opinion, a cédé aux avances de tous ces prétendants sagement alignés sur les tables. Ses lectures sont celles d'un amoureux, mais d'un amoureux qui tient à savoir quel livre est fait pour quel lecteur. Le libraire est indispensable, vous dis-je !

préface du livre "lettres à mon libraire" aux éditions du Rouergue

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Commentaires
K
moi Schmitt, Bobin et tant d'autres, j'y vais comme je passe chez une amie avec l'avantage de savoir que pour 5 minutes ou une heure la porte sera ouverte.
B
A livre ouvert, j'ai découvert Henri Quinson, Thierry Bizot, l'impératrice Plum et bien d'autres. Merci pour toutes ces belles rencontres !
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